Les smart contracts ou contrats intelligents sont une technologie innovante qui a rendu les blockchains plus intéressantes et plus puissantes. Ce sont des contrats numériques qui s’exécutent automatiquement permettant aux utilisateurs d’échanger de l’argent, des biens ou toute autre chose de valeur de manière transparente et sans conflit. En utilisant les smart contracts, les développeurs sont en mesure de créer des accords auto-exécutoires qui sont hébergés sur la blockchain. En effet, les contrats intelligents sont écrits en code et peuvent automatiser des processus complexes qui sont difficiles à gérer manuellement.
Avec l’aide des smart contracts, les blockchains peuvent être utilisées pour une variété d’applications. Les smart contracts permettent également de réduire les risques associés aux accords traditionnels, car ils sont immuables et ne peuvent être modifiés une fois exécutés. Ils sont donc idéaux pour un large éventail d’applications, des services financiers à la logistique en passant par l’optimisation des chaînes d’approvisionnement. Les smart contracts rendent les blockchains plus intéressantes en fournissant un tout nouvel ensemble d’outils et de capacités qui ouvrent un univers infini de possibilités.
La limite de l’utilité de la blockchain du Bitcoin
La première crypto-monnaie qui a vraiment émergé et devenue utile en tant que monnaie d’échange, vous le savez, c’est Bitcoin. La blockchain du Bitcoin est particulièrement robuste, personne n’a réussi à trouver une faille pour pouvoir briser la sécurité de son système en plus de 15 ans. Mais elle reste limitée sur son usage. Comme pour les outils que l’on utilise au quotidien, l’innovation permet de faire évoluer la technologie et son utilité. Il en va de même pour les blockchains: on peut dire qu’il en existe plusieurs générations. Et vous avez sûrement déjà entendu parler de la blockchain qui nous a fait passer de la première à la deuxième génération. Bravo à vous si vous l’avez deviné, je parle de la blockchain Ethereum.
La naissance de la blockchain Ethereum
Ethereum c’est le premier pas vers les blockchains 2.0, c’est-à-dire une nouvelle génération de registres distribués. Depuis Ethereum, on a des blockchains qui deviennent vraiment très utiles pour une multitude d’actions du quotidien. On sort du cadre qui servait principalement à utiliser une blockchain pour proposer une monnaie alternative aux devises traditionnelles. Parce qu’à l’origine, la majorité des recherches en lien avec la cryptographie pour les blockchains, était de créer des monnaies digitales affranchies du système monétaire traditionnel.
Pendant l’année de l’ascension de la crypto de Satoshi Nakamoto en 2013, un génie du nom de Vitalik Buterin voyait à travers la technologie de Bitcoin quelque chose d’incroyable mais incomplet. Il aimait l’idée de mettre sa confiance dans un système informatique et non dans une autorité centrale, il aimait le respect de la vie privée, l’anonymat et la sécurité. Mais il s’est posé plusieurs questions: comment cela se passe pour faire un paiement en plusieurs fois ? Comment faire pour envoyer de l’argent à quelqu’un tous les premiers lundis du mois ? Comment aller plus loin, en faisant plus que déplacer de la monnaie virtuelle d’un point A à un point B ?
En effet, Bitcoin permet d’envoyer ou de recevoir de l’argent mais il ne va pas plus loin que cela. En fait il manque au réseau Bitcoin la possibilité, en quelque sorte, d’exécuter du code. C’est-à-dire la possibilité de mettre des actions qui s’exécutent en fonction d’une ou plusieurs conditions programmables. Ce concept est possible grâce à ce que l’on appelle, dans le monde des blockchains, un contrat intelligent.
En 2015, c’est dans cette logique que le réseau de la blockchain Ethereum est développé. L’idée de Vitalik Buterin était de pouvoir utiliser la technologie d’une blockchain pour profiter des avantages qu’elle offre, tout en ayant un aspect programmable. Et cela grâce à l’intégration de smart contracts. Il faut voir le projet Ethereum comme un super ordinateur en ligne, qui peut être utilisé par n’importe qui pour programmer des applications décentralisées. Et bien sûr, tout ce qui est programmé sur Ethereum est public.
Comprendre la blockchain Ethereum
Pour imager le concept d’Ethereum, on pourrait comparer cette plateforme avec l’App store: les développeurs iOS peuvent proposer leurs applications sur le marché en ligne de l’App store, de la même manière que des applications décentralisées sont proposées en s’appuyant sur Ethereum. À la grande différence qu’Ethereum est une blockchain.
Ainsi, les données des utilisateurs des applications décentralisées ne sont pas détenues à vie par des entreprises qui peuvent en faire ce qu’elles veulent. En effet, lorsque vous utilisez une application mobile classique, l’information enregistrée appartient souvent à l’entreprise qui vous permet d’utiliser l’application proposée. Toute cette information est stockée sur les serveurs de l’entreprise, qui peut en faire ce qu’elle veut sans vous prévenir. On peut alors facilement voler ces données en piratant un des serveurs de la société en question. Alors que dans une application décentralisée, l’information est cryptée et répartie sur le réseau de la blockchain. Pour pirater vos données, il faudrait accéder à tous les ordinateurs du réseau. Mais cela serait inutile puisque une information cryptée n’est pas déchiffrable sans sa clé privée, que seul le propriétaire détient: cela reviendrait ainsi à voler de l’information inexploitable.
Paradoxalement, Ethereum propose une blockchain qui centralise des applications décentralisées. Néanmoins cela reste une image et cela n’a pas d’impact négatif sur le degré de décentralisation des applications d’Ethereum, la plateforme qui sert de support à l’écosystème étant elle- même une blockchain décentralisée.
Une exemple de smart contract dans le modèle d’assurance décentralisée
Pour comprendre l’utilité des contrats intelligents, prenons l’exemple d’un cas d’usage d’une assurance décentralisée rattachée à la blockchain Ethereum.
Admettons ainsi une assurance décentralisée qui propose à ses assurés de les dédommager en cas de retard ou d’annulation d’un vol dont ils ont préalablement acheté les billets. Le fonctionnement est alors le suivant: dès qu’un avion est en retard ou est annulé, le contrat intelligent récupère l’information du vol concerné et, recherche ensuite parmi les assurés ceux qui ont acheté un billet. Les assurés sont alors instantanément dédommagés et n’ont rien à justifier car, le contrat intelligent se charge de l’exécution irréfutable du contrat d’assurance.
Attention à ne pas confondre le contrat d’assurance et le contrat intelligent, ce sont deux choses bien distinctes. Le contrat d’assurance prévoit les conditions de dédommagement prévues par le service, tandis que le contrat intelligent permet d’exécuter le service selon des conditions programmées à l’avance, le tout étant basé sur une blockchain.
Comparons maintenant ce processus avec celui d’une assurance traditionnelle. Dans le cas d’une assurance classique, en cas de retard ou d’annulation d’un vol, il faudra d’abord prouver par ses propres moyens les faits. Cela signifie dans un premier temps, obtenir un justificatif de retard ou d’annulation de vol auprès de la compagnie aérienne. Il faut ensuite envoyer à son assureur, la preuve d’achat du billet ainsi que le justificatif de retard ou d’annulation du vol correspondant. Enfin, il faudra attendre que l’assurance analyse les documents envoyés et le contrat d’assurance afin de proposer ou non un remboursement à l’assuré.
Dans ce cas de figure, le remboursement va prendre plusieurs semaines, nécessiter des démarches administratives pour les deux parties (assureur et assuré) et ainsi, cela va générer un coût plus élevé au niveau de la franchise de l’assuré. Le modèle d’assurance traditionnelle est donc obsolète pour les cas où l’analyse humaine faite pas l’assureur n’est pas indispensable.
D’autres exemple de blockchain intéressantes avec des smart contracts
Avec l’utilisation de contrats intelligents, on élargit réellement plus le champ des possibles des projets d’entreprises innovantes. La blockchain révolutionne les usage que nous allons pouvoir avoir avec, exactement comme dans l’exemple de l’assurance décentralisée. Voici quelques exemples de smart contracts qui rendent les blocklchains intéressantes et qui existent actuellement:
Une blockchain pour les médias et les droits d’auteur
On le sait, aujourd’hui il est difficile de faire respecter les droits d’auteurs dès lors qu’un contenu passe sur un support numérique. Un simple copier- coller permet de dupliquer un livre, un film ou une musique. La blockchain pourrait vraiment être utile pour garantir que les artistes perçoivent leur juste part de compensation.
Open Music Initiative est une société qui propose un protocole open source qui simplifie la manière dont les créateurs de musique et les titulaires de droits sont identifiés et rémunérés.
Sécuriser les données personnelles reçues par vos objets connectés
On le constate déjà à l’heure actuelle, les objets connectés prennent une place grandissante dans nos vies à mesure que les entreprises du secteur des nouvelles technologies proposent des appareils toujours plus intelligents et connectés. Les applications de ce secteur sont infinies. Toutefois, cela ouvre aussi une multitudes de possibilités de se faire pirater ses données. Que ce soit via votre enceinte Alexa ou votre Tesla. On se souvient encore du scandale provoqué par le robot cuiseur vendu à bas prix par Lidl, qui contenait un micro caché et cela sans aucune indication dans sa notice d’utilisation.
La blockchain apporte ainsi une solution évidente: stocker toute vos données enregistrées par un objet connecté sur une application décentralisée permet de s’assurer qu’elles soient intouchables, à moins que vous ne le souhaitiez.
HYPR est une société qui s’occupe justement d’optimiser la cyber sécurité des appareils connectés et ce, grâce à un système d’authentification décentralisée.
Une blockchain pour certifier des documents officiels
La blockchain peut servir à certifier son identité, son certificat de naissance ou encore ses diplômes. Cela aiderait à lutter contre l’usurpation d’identité, en conservant simplement les éléments qui constituent notre identité sur un registre distribué décentralisé. Il serait intéressant de voir cela s’étendre à l’échelle nationale avec l’adoption de la technologie blockchain au sein de l’administration publique.
Dans l’immédiat, cela nécessite une validation par le pouvoir législatif et des changements dans l’administration française donc, on peut dire que ce n’est pas pour demain. Néanmoins, le secteur privé avance rapidement notamment avec Evernym, une société qui utilise des chaines cryptographiques pour stocker les données des gens et qui leur permet de partager ces données personnelles avec qui ils veulent.
Les blockchains pour la logistique et le suivi de la chaîne d’approvisionnement
Le secteur de la logistique pourrait bénéficier de multiples usages de la technologie blockchain. Un des plus grands freins dans le secteur de la logistique est le manque de transparence et de communication au sein d’une entreprise ou entre les différents prestataires. On dénombre plusieurs dizaines d’entreprises d’expédition dans le monde ce qui favorise forcément les pertes d’informations et la manque de synergie entre les entités. Quel que soit l’industrie, la technologie d’une blockchain peut permettre une identification précise des articles dans la chaîne d’approvisionnement. En l’utilisant avec des objets connectés, on peut suivre l’état, la qualité ou l’avancement d’un article en temps réel. En plus de créer d’énormes synergies entre les entités et une grande productivité, cela permettrait d’économiser des milliards de dollars à l’échelle mondiale.
Parmi les géants de l’expédition, DHL utilise déjà sa propre blockchain pour effectuer le suivi des colis expédiés et des transactions effectuées. Wabi permet de tracer la nourriture pour bébé et les produits pharmacologiques et enfin, Vechain est spécialisé dans la traçabilité des produits de luxe, du vin et de l’automobile.
Les blockchains pour le secteur de la santé
Dans le secteur de la santé, de nombreuses inefficacités pourraient être réglées. Un stockage décentralisé complet des dossiers médicaux avec des règles claires concernant les informations pouvant être partagées (et avec qui) accélèrerait les processus et réduirait considérablement les coûts ainsi que nos impôts par la même occasion. On pourrait alors se rendre chez un nouveau médecin ou une clinique, qui aurait alors accès à nos données médicales. De leur côté, médecins et cliniques pourraient s’assurer que n’importe quelle pharmacie sait ce qu’elle est enclin à nous donner pour nous soigner. En bref, on gagne en synergie et en fluidité entres les acteurs de la santé, pour moins de gaspillage de temps et d’argent.
Dans ce secteur, le principal problème que l’on rencontre aujourd’hui est la fragmentation des données médicales entre de nombreux prestataires. C’est pourquoi Patientory propose un dossier médical ancré dans la blockchain, pour s’assurer que le dossier est à jour et qu’il n’est accessible qu’aux personnes autorisées.
L’utilité d’une blockchain gouvernementale
Dans les hautes sphères politiques, la blockchain ne plaît pas à tout le monde. En effet certains gouvernements sont en défaveur d’un changement dans le système établit, même si la blockchain pourrait leur permettre de fonctionner plus efficacement. Sécurisation des documents et des procédures administratives ou optimisation de l’efficacité bureaucratique, le tout grâce à une meilleure fluidité. La technologie de la blockchain pourrait même être appliquée pour les procédures des citoyens. Notamment pour lutter contre les fraudes électorales. Rien de plus simple que l’utilisation d’un jeton de vote de type NFT sur la blockchain.
Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, annonçait en février 2022 être actuellement en train d’expérimenter un système de salaire universel sur la base du principe du Bitcoin. En fonction des résultats de cette expérimentation, il ne serait pas étonnant de voir un jour les aides publiques allouées sous formes d’une ou plusieurs crypto-monnaies à caractères publiques.
Ce qui rend les smart contracts risqués pour les premiers utilisateurs
Une fois codé et soumis à la blockchain, un smart contract est infalsifiable: il profite des mêmes propriétés que la blockchain dans laquelle il est placé. Les termes et conditions de l’exécution du contrat intelligent sont donc transparents, sécurisés, infalsifiables et immuables. Néanmoins, cela signifie que si le smart contrat comporte un défaut, il ne pourra être corrigé. D’où l’intérêt d’attendre un peu de temps avant d’utiliser une nouvelle application décentralisée, notamment si elle a une nature d’ordre financière.
Imaginons qu’une nouvelle application décentralisée (fictive pour l’exemple) propose un service de prêt et d’emprunt de crypto-monnaies sans intermédiaire. Si le protocole de l’application, c’est-à-dire l’ensemble de son fonctionnement, n’a pas été audité et suffisamment testé alors, vous prenez un risque en y plaçant votre argent. Car si le contrat intelligent contient une erreur ou un bug qui par exemple, vous empêche récupérer des fonds prêtés alors, la blockchain ne pourra pas vous aider.
Une fois qu’un contrat intelligent est codé puis greffé à une blockchain, cette dernière ne peut pas savoir s’il le contrat va fonctionner correctement ou non. La blockchain est un outil qui pourra juste faire en sorte que le contrat s’exécute dans les conditions prévues par ses termes. Ce qui signifie qu’une erreur de codage dans les termes et conditions propres au contrat intelligent risque tout simplement de desservir les utilisateurs sans pour autant que la blockchain réfute son fonctionnement.
L’essentiel à retenir sur les smart contracts
En résumé, Les smart contracts révolutionnent l’usage des blockchain et ouvrent des possibilité de nouveaux projets à l’infini. Grâce à cela aujourd’hui, les applications de la technologie de la blockchain sont déjà multiples. Actuellement, nous ne sommes qu’aux balbutiements dans l’utilisation de cette technologie. Tout n’est pas parfait, c’est pourquoi vous devrez faire attention à utiliser des protocoles suffisamment testé par d’autres utilisateurs pour éviter d’être victime d’un bug d’un smart contract.
Si on compare l’utilisation des blockchains avec le développement de la technologie de l’internet, on pourrait dire que nous sommes au moment où l’on pouvait seulement consulter des pages d’information sur internet sans vraiment interagir avec le web. L’époque du web1.0. Aujourd’hui, toutes entreprises ont leur propre site web, car internet est devenu une évidence tant dans l’usage que dans son utilité: c’est le web2.0.
Demain, une grande partie des entreprises utiliseront des outils qui reposent sur la technologie de la blockchain pour les raisons que celle-ci améliore la confiance, la transparence, diminue les coûts, sécurise l’information et valide sa véracité, augmente la confidentialité, et met chaque personne sur un pied d’égalité. Car à l’inverse de l’être humain et des règles qu’il établit, le code informatique d’une blockchain est immuable, impartial, inaliénable. L’ère du web3.0 est en train de démarrer et nous avons la chance d’assister à ce changement.