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Investir dans un actif financier, que ce soit une valeur mobilière ou une matière première, nécessite d’avoir une solide idée de l’évolution future de sa valeur, que ce soit à la hausse ou à la baisse. C’est votre capacité à anticiper cette évolution du prix d’un actif qui fera de vous un investisseur heureux ou non.

Au même titre que sur les marchés boursiers, investir dans des crypto- actifs, nécessite un minimum de spéculation pour être un investisseur gagnant. Il y a donc une nécessité de comprendre ce dans quoi on investit: que ce soit un investissement sur un projet blockchain ou simplement de l’achat de Bitcoin, vous vous devez de comprendre les rouages des machines dans lesquelles vous insérez votre argent.

Il existe des milliers de crypto-monnaies aujourd’hui. On peut même dire qu’on va en voir émerger encore une grande quantité à l’avenir. Toutefois, elles ne dureront pas toutes dans le temps. Nombreuses sont les monnaies virtuelles vouées à disparaître. Bien choisir où vous investissez est donc vital pour protéger votre capital.

Comprendre ce qu’est le Bitcoin par son histoire

La première étape commence alors par comprendre le Bitcoin. Alors pourquoi me direz-vous ? La réponse est simple: vous devez vous intéresser au Bitcoin car c’est la première crypto-monnaie qui a su se faire une place dans le système monétaire existant. Tout l’univers de la crypto- monnaie prend son sens avec le Bitcoin. Et cela, que ce soit au niveau de la technologie qu’il y a derrière ou au niveau des principes de sa fondation et des valeurs qu’il prône.

Créé en 2008 par un développeur anonyme, Bitcoin est une alternative aux monnaies fiduciaires et aux banques. Son fonctionnement repose sur un réseau d’ordinateurs qui ont pour fonction de vérifier les transactions entre un point A et un point B. Chacune de ces vérifications permet de valider une transaction, qui s’ajoute alors dans un registre entièrement public et transparent, disponible en ligne: ce registre est ce que l’on appelle une blockchain.

La blockchain du Bitcoin

Le réseau d’ordinateurs qui assurent que les transactions soient justes, n’est pas géré par une banque, une grande entreprise ou un gouvernement, mais par des gens comme vous et moi. On qualifie d’ailleurs ce réseau de système décentralisé. Par ce terme, on entend qu’il ne nécessite pas d’avoir une entité centrale qui sert de tiers de confiance pour contrôler, vérifier et valider les transactions. En d’autres termes, on peut envoyer de l’argent à quelqu’un via internet en toute sécurité, sans avoir besoin d’un intermédiaire dont le rôle est joué en temps normal par les banques.

Pour faire simple, ce sont les membres du réseau qu’on appelle les mineurs, qui avec leur ordinateur vont vérifier et valider les transactions, mais également sécuriser le réseau pour recevoir des récompenses rémunérées en Bitcoin. Enfin, les transactions qui sont effectuées sont publiques mais sans pour autant que l’on puisse identifier les utilisateurs. C’est l’identité numérique des portefeuilles numériques, identifiables par une suite de chiffres et de lettres, qui envoient et reçoivent de la crypto-monnaie qui sont traçables. De cette manière, en respectant l’anonymat des utilisateurs, on peut toujours obtenir des informations intéressantes, par exemple comment se répartit la richesse entre les différents portefeuilles détenant du Bitcoin.

Bitcoin : une réserve de valeur qui explose en quelques années

En presque 15 ans, Bitcoin passe de quelques lignes de code à une réserve de valeur officiellement reconnue par le régulateur financier américain (la Security Exchange Commission, SEC). En novembre 2021, son prix unitaire passe la barre des 68 000 $. D’un point de vue médiatique, les sujets blockchains et crypto-monnaies se retrouvent sur le devant de la scène. D’un point de vue technologique, notre ère fait un pas en avant: la technologie derrière Bitcoin est la pierre angulaire qui permet l’unicité numérique, à savoir la rareté dans un univers digital où le copier-coller est une banalité.

Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, remontons le temps de quelques années avant la genèse du Bitcoin, vers la fin des années 80′ au moment où l’internet commence à se démocratiser dans les foyers américains.

L’émergence d’internet et les Cypherpunks

L’émergence de l’internet, c’est l’arrivée sur le réseau de tous les ordinateurs au début des années 90′. Le déploiement mondial du réseau faisait rêver certains, car c’était avoir chez soi une fenêtre ouverte sur le monde. Une vraie révolution quand on a connu seulement les livres, les stations de radio et la télévision pour consommer de l’information.

À l’inverse, d’autres pensaient que cela permettrait de numériser l’intégralité de la vie des Hommes. Chaque mot, chaque conversation, chaque action ne serait alors plus qu’un ensemble de données à collecter pour ceux qui veulent contrôler cette nouvelle société naissante. Une société qui allait être basée en grande majorité sur une économie numérique.

La vie privée en danger face à l’internet

Ce monde qui se développait autour de l’internet allait peu à peu transformer la vie moderne, en modifiant notre manière d’échanger ainsi que nos droits fondamentaux. La vie privée quant à elle, n’allait pas être épargnée. Dans un monde numérique où trop peu de personnes ont conscience que la moindre action faite sur le web exposait au monde entier sa vie privée, un groupe d’activistes ont voulu agir pour le bien commun. On les appelle les cypherpunks.

Dès 1992, on commence à entendre parler des cypherpunks. Ce petit groupe de personnes promouvaient un chiffrement fort sur internet pour garantir la protection de la vie privée. Ils considéraient que celle-ci ne nous serait pas rendue tant que l’anonymat ne serait pas total sur le web. Chacun des membres était convaincu que la cryptographie — l’art de chiffrer des messages pour les rendre compréhensibles uniquement par ceux qui ont la clé pour les décoder — était l’élément essentiel pour protéger la vie privée sur internet.

Le principal enjeu du mouvement Cypherpunks

Dans un manifeste écrit en 1993 par Eric Hughes, l’un des fondateurs du mouvement, l’auteur explique tout l’enjeu de leur objectif :

« À l’ère électronique, la vie privée est nécessaire pour une société ouverte. La vie privée n’est pas un secret. Une affaire privée est ce qu’un individu ne veut pas que le monde entier sache, mais une affaire secrète est ce qu’un individu ne veut que quiconque sache. La vie privée est le pouvoir de se révéler sélectivement au monde […] Nous ne pouvons pas attendre des gouvernements, des entreprises ou d’autres grandes organisations sans visage, qu’ils nous accordent la protection de la vie privée par bienveillance. […] Nous, les Cypherpunks, nous nous consacrons à la construction de systèmes anonymes. […] Les Cypherpunks écrivent du code. Nous savons que quelqu’un doit développer des logiciels pour défendre la vie privée, et nous allons les écrire. »

Eric Hughes, A Cypherpunk’s Manifesto, 1993

La cryptographie est un concept central dans le mouvement cypherpunk. Pour eux, l’art de chiffrer ses actions sur le web permet de nouvelles libertés à la fois pour communiquer et également pour échanger de l’argent. C’est ce dernier point qui est crucial, car contrôler l’argent des gens permet de contrôler chaque facette de leur vie. En numérisant et en centralisant toutes les transactions, on peut tout connaitre de chaque personne d’un pays.

Imaginez ce que des individus mal intentionnés pourraient faire si toutes les actions, conversations et transactions des habitants d’un pays étaient collectées. Avant l’émergence d’internet, les gens utilisaient de l’espèce ou des chèques pour dépenser de l’argent. La monnaie physique, à savoir les billets de banque et les pièces, sont intraçables dans l’univers digital. Bien que les billets de banque soient tous uniques grâce à leur numéro de série, on ne peut pas savoir qui possédait quels billets. Ce que redoutent alors les cypherpunks, c’est que nos transactions une fois numérisées sur internet, ne puissent plus conserver leur caractère privé.

Il est intéressant de souligner que ce n’est qu’en mai 2018 que le règlement général sur la protection des données (RGPD) entre en vigueur en France et en Europe. Pourtant depuis 2004 de nombreuses entreprises du web notamment Facebook, collectaient des données sur le comportement des individus sur internet. Il aura fallu attendre 14 ans pour que le gouvernement européen oblige les sites internet à demander le consentement des internautes pour collecter des informations sur leurs actions numériques : les fameux cookies de navigation. Mais au moment du développement d’internet, le monde était loin de se douter de l’ampleur et de la valeur qu’allait prendre la data.

Une bonne utilisation de l’information est un pouvoir redoutable

L’Histoire le démontre, l’information peut s’avérer être une arme redoutable pour acquérir du pouvoir. Les Sumériens qui développèrent l’écriture en 3500 avant JC, permirent à la Mésopotamie de marquer l’Histoire. Les plus grandes civilisations étaient celles qui utilisaient l’information et transmettaient efficacement le savoir au travers des générations. Le savoir nourrit l’intelligence de l’Homme qui peut s’en servir pour assouvir son pouvoir par la force, la domination ou le contrôle.

Néanmoins il n’y avait jamais eu dans l’Histoire, une surveillance du peuple qui soit numérique et centralisée, c’est-à-dire qui puisse théoriquement toucher chaque être humain sur Terre. Enfin cela est vrai jusqu’en 2016, lorsque le Cityzen Score en Chine a été instauré. Le Citizen Score permettait de surveiller certaines actions quotidiennes des Chinois, pour leur attribuer un score de citoyen visant à récompenser les meilleurs comportements, et en dévaloriser d’autres. D’un point de vue interne, ce système permet de surveiller les ressortissants chinois et de manipuler certains aspects de leur vie. D’un point de vue externe, l’information collectée permet de développer des solutions basées sur l’intelligence artificielle plus rapidement, ce qui permet d’asseoir sa position sur le marché mondial des nouvelles technologies.

Car en effet, les algorithmes basés sur l’intelligence artificielle, ont besoin d’apprendre d’une multitude de comportements différents pour pouvoir anticiper des situations et agir « intelligemment ». Et ce qui nourrit ces algorithmes, c’est l’information numérique collectée à partir des différents comportements des individus.

Peut-on alors considérer comme normal le fait d’asservir le droit à la vie privée au nom de la création de valeur économique ? Au nom de la protection d’un système établi ? Le mouvement Cypherpunk et leurs mises en garde prévoyaient ce genre d’atteinte lourde à la liberté. Pour eux, rien ne justifie d’attenter à la vie privée. Pour eux, il faut se battre pour la liberté car elle ne sera pas toujours docilement offerte.

Les Cypherpunks se seraient inspirés d’un livre de George Orwell

Le mouvement des cypherpunks a d’ailleurs été inspiré par le livre 1984 de Georges Orwell. Ce roman de fiction détaille une société imaginaire en Grande Bretagne, au sein de laquelle les dirigeants exercent une autorité totale sur tous les citoyens, dont la vie et les pensées sont surveillées afin de prohiber les libertés individuelles. Dans cette fiction, des affiches sont placardées partout dans les rues avec le célèbre slogan « Big Brother is watching you ». On voit tout de suite le rapprochement de ce contre quoi luttaient les cypherpunks : le risque de voir notre liberté disparaître par la numérisation de notre vie privée. Internet permettant à « Big Brother » de tous nous surveiller.

L’inventeur du Bitcoin : Satoshi Nakamoto

Vous connaissez certainement le Bitcoin comme étant un crypto-actif de grande valeur, notamment après l’envolée de son cours en 2021. Mais derrière son invention, se cache une philosophie fidèlement héritée du mouvement des cypherpunks et d’une défiance envers le système financier traditionnel.

Du web 1.0 au web 2.0

Au début des années 2000, les entreprises se multiplient sur le web afin d’y vendre leurs produits. On passe d’un monde numérique qui était d’abord utilisé pour trouver de l’information, à un monde numérique où l’on achète et où l’on interagit avec. Le terme de web 2.0 est d’ailleurs utilisé puis démocratisé à cette époque.

Pour faire simple, dans le web 1.0, internet sert uniquement à consulter des pages d’information. On passe au web 2.0 lorsque les sites internet nous font interagir de différentes manières pour collecter un maximum d’informations sur nous, les internautes. En surface, la promesse du web 2.0 ressemble à un immense supermarché virtuel qui facilite la vie des gens. Toutefois, derrière les lignes de codes informatiques, notre passage laisse des traces numériques exploitables: principalement les cookies de navigation mais aussi les transactions numériques. Les cookies permettent de savoir où l’on s’est rendu sur le web. Les transactions permettent de savoir combien on a dépensé et pour quoi. Dans un monde sans espèces, sans «cash» où l’argent non palpable règne, l’anonymat est impossible car tout est retraçable.

Des tentatives de monnaies numériques décentralisées

Les cypherpunks ainsi que d’autres acteurs avant eux, ont alors tenté à plusieurs reprises de développer des monnaies numériques fonctionnant sur le système de pair à pair. C’est-à-dire des monnaies qui s’échangeraient de l’ordinateur d’un utilisateur à un autre, sans passer par un tiers central qui pourrait exercer toute sorte de contrôle. Mais tous ces projets n’ont jamais vraiment vu le jour. Certains comme DigiCash, E-Gold, eCash ou Bit Gold n’ont pas pu continuer à exister n’étant pas suffisamment robuste pour faire face aux monnaies traditionnelles des États. Les cypherpunks voulaient créer une monnaie numérique décentralisée, mais ils étaient des mathématiciens, des chercheurs en cryptographie et des développeurs informatiques. Ils n’étaient pas des économistes. Ils n’avaient pas la vision économique et monétaire pour réussir à créer une monnaie numérique. Le créateur du Bitcoin était légèrement différent.

Le mystère qu’est Satoshi Nakamoto

On en sait très peu sur lui personnellement. Le fondateur du Bitcoin est connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, et c’est tout. Pour être franc, on ne sait même pas si Satoshi Nakamoto est une personne ou un groupe de personnes. Son identité est toujours inconnue à ce jour et ce n’est pas pour rien: c’est la preuve d’une philosophie de décentralisation du système monétaire du Bitcoin. Avec une figure humaine à sa tête, le Bitcoin ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. L’invention de Satoshi Nakamoto bouleverse totalement notre économie actuelle et cela sans avoir un « quelqu’un » qui dirige les opérations. Presque 15 ans après son déploiement, le système fonctionne très bien et est décentralisé, sans tiers de confiance, sans intermédiaire, sans Etat ou banque centrale le contrôlant. 

La philosophie de Satoshi Nakamoto rejoint celle des cypherpunks : la vie privée c’est la liberté de choisir ce que l’on veut cacher au reste du monde, c’est avoir le choix de donner ou non des informations sur soi, quel qu’elles soient. Pour lui, l’ampleur qu’avait pris l’utilisation d’internet, allait finir tôt ou tard par porter préjudice à l’humanité. Car la technologie qu’est internet est tout simplement un outil, elle peut être utilisée en bien comme en mal.

« Celui qui contrôle les échanges contrôle la liberté. »

Satoshi Nakamoto

Le problème de la double dépense du Bitcoin

La double dépense était le principal problème de Satoshi Nakamoto pour rendre le Bitcoin utile en tant que monnaie d’échange. Lorsqu’on parle de monnaie numérique, on parle d’information numérique, et donc la question est : qu’est-ce qui empêche ses utilisateurs de faire un simple copier-coller de leur épargne ? J’ai 10 Bitcoins, si je les copie-colle alors j’en aurais 20. Tant qu’il existait, cet obstacle rendait le Bitcoin absolument inutile en tant que monnaie d’échange. Tant que le problème de la double dépense existait, tout commerce était strictement inenvisageable avec du Bitcoin.

Ce mystère était une obsession pour son créateur. Comment être sûr que l’argent numérique ne soit dépensé qu’une seule fois, tout en conservant l’anonymat de son détenteur ? Il aura fallu des décennies de travaux réalisés par des précurseurs puis, par Satoshi pour résoudre cette énigme technologique. Devinette finalement résolue avec les propriétés de la blockchain du Bitcoin.

Un problème propre au monde numérique

Il faut bien comprendre que le souci de la double dépense n’existe pas avec le billet de banque traditionnel. Si on donne un billet de banque à quelqu’un, alors on ne le possède plus. La double dépense n’existe pas, c’est physiquement impossible. On peut toujours créer un billet à partir de rien et utiliser ce faux billet. Mais cela relève de l’illégalité. Les banques utilisent différents systèmes pour rendre chaque billet unique. Il y a des micro-points qui contiennent des informations écrites mais très difficiles à lire ou à recopier. Les banques centrales utilisent aussi des polymères et des hologrammes pour rendre la duplication d’un billet encore plus complexe. Mais c’est surtout le fait que chaque billet de banque dispose d’un numéro de série unique qui rend la double dépense officiellement  impossible. On ne peut pas ajouter un nouveau billet légal et officiel en circulation sans qu’il soit validé par sa banque centrale.

Alors que dans le monde informatique, on ne peut pas faire la différence entre un objet numérique dupliqué et son original. Ce sont des lignes de code informatique qui constituent l’objet numérique et sa valeur. Et le code peut s’écrire et se réécrire à l’identique un nombre illimité de fois. Dans l’univers numérique, tout est duplicable à l’infini. Pour Satoshi Nakamoto, résoudre le problème de la double dépense, c’est réussir à créer l’unicité numérique en rendant le copier-coller inutile. En parachevant cela, il créerait la rareté numérique, une vraie révolution dans le monde du web.

La crise des subprimes en 2007

En juillet 2007 aux États-Unis, les balbutiements de la crise financière de 2008 faisaient leur apparition. Les défauts de paiement des familles américaines à faibles revenus ont généré la célèbre crise des subprimes. En français, «subprime» signifie «crédit à risque». Ce sont des prêts hypothécaires à taux variables pour des achats immobiliers. La crise économique mondiale de 2008 a eu lieu parce que des particuliers se sont endettés massivement avec des prêts immobiliers.

Comment s’est produit la crise des subprimes ?

Entre 2000 et 2007, il y a eu une augmentation des prêts immobiliers dits «subprimes», suivie d’une croissance exponentielle du nombre de ménages américains incapables de rembourser leur emprunt. Cette situation est la conséquence de la hausse progressive dès 2004, des taux directeurs de la réserve fédérale américaine (la banque centrale américaine).

Lorsqu’une banque centrale augmente ou baisse ses taux directeurs, les banques commerciales — qui sont les établissements qui accordent des prêts directement aux ménages — ajustent leurs taux à la hausse ou à la baisse en fonction. Les subprimes étant des prêts à taux variables, de nombreux ménages à faibles revenus se sont retrouvés incapables de rembourser leur prêt qui avait augmenté.

Mais ce remaniement des taux d’intérêts directeurs par la banque fédérale américaine n’est pas la seule cause du surendettement des ménages. En effet, lorsqu’une banque octroie des prêts à des sociétés ou à des États, elle doit faire appel à une agence de notation qui va évaluer le risque de défaut des emprunteurs sur leurs dettes financières. Les notes données sont catégorisées A, B, C ou D et désignent le niveau de risque encouru sur une opération financière. La catégorie A signifie «investissement sécurisé» et son opposé, la catégorie D, signifie «risque de faillite proéminent».

C’est là où les agences de notation ont aussi une part de responsabilité dans la crise financière de 2008 : en notant AAA (la note optimale en termes de sécurité) des opérations financières basées sur les crédits hypothécaires que sont les subprimes, elles ont sous-évalué les risques encourus par les investisseurs. Puis, certaines agences directement dépendantes des banques, ont tenté de cacher leurs erreurs en refusant de rétrograder les notes des émetteurs de prêts qui apparaissaient comme peu solvables.

Ainsi, la bulle spéculative qui a provoqué la crise des subprimes, a commencé à apparaître du fait des prêts hypothécaires octroyés massivement aux ménages, pour continuer à grossir de manière malsaine à cause de l’avarice des banques.

Les conséquences de la crise des subprimes

Dans ce contexte économique, les institutions financières américaines se retrouvent affaiblies par les pertes générées par les créances non recouvrées. En septembre 2008, la banque Lehman Brothers fait même faillite car elle n’est pas aidée par le gouvernement américain. Il s’en suit alors immédiatement une chute importante de la valorisation des entreprises américaines cotées en bourse. Le monde assiste à ce moment-là, au pire krach boursier depuis la crise financière de 1929.

S’installe alors un climat de méfiance d’une banque à l’autre: les établissements bancaires refusent de se prêter de la liquidité entre eux de peur de ne pas se faire rembourser. Ce climat de crise fait s’écrouler le monde de la finance et plonge alors l’ensemble des pays dans une crise financière dont la portée est mondiale.

Satoshi Nakamoto, travaillant à cette époque sur le Bitcoin, assiste à cette suite d’évènements. Il comprend que tous ces faits sont générés par les règles des institutions financières, par la création monétaire, la manipulation des taux d’intérêts et des instruments financiers. L’exact opposé de la philosophie monétaire décentralisatrice à laquelle il adhérait.

Le livre blanc du Bitcoin et la résolution du problème de la double dépense

On estime que Satoshi aurait résolu le problème de la double dépense entre le 18 août 2008 et le 31 octobre de la même année. 

Le 18 août 2008, le nom de domaine Bitcoin.org est réservé par une personne anonyme, très probablement Satoshi Nakamoto. Le 31 octobre 2008, Satoshi délivre par courriel, le livre blanc du Bitcoin à une liste de spécialistes de la cryptographie, dont les membres du mouvement Cypherpunk.

Son livre blanc résume le protocole de Bitcoin c’est-à-dire, son fonctionnement technique ainsi que ses avantages. L’auteur y décrit succinctement le problème de la monnaie traditionnelle qui est centralisée et donc qui nécessite d’avoir un tiers de confiance garant de son bon fonctionnement, à savoir l’ensemble des banques et des institutions financières. Toutefois, les crises financières sont la preuve que ce système centralisé n’est pas parfait. C’est pourquoi il présente Bitcoin comme une alternative à ce système monétaire, une monnaie d’échange libérée des règles et contraintes du monde institutionnel. Bitcoin se veut être une monnaie pour échanger en toute liberté, extirpée des mains du système monétaire traditionnel.

La date du 31 octobre 2008 est intéressante. En effet Satoshi, attend le pire moment de la crise des subprimes pour diffuser son livre blanc, soit un mois environ après la faillite de la banque Lehman Brothers. Il attend que le désespoir soit au sommet pour appuyer sur le bouton « envoyer », craignant qu’on ne le prenne pas au sérieux. Car depuis des décennies, toutes les tentatives de création de monnaies numériques avaient échoué.

Ce que contient le livre blanc de Satoshi Nakamoto c’est le fonctionnement de la blockchain du Bitcoin

Le livre blanc du Bitcoin détaille en 8 pages le fonctionnement de cette nouvelle crypto-monnaie. Satoshi réussit de manière très concise, à expliquer sa vision technique de la monnaie numérique décentralisée.

Il propose une monnaie qui s’échange, de pair à pair, c’est-à-dire entre utilisateurs sans tiers de confiance. Et cela se fait de manière ultra sécurisée grâce à de la cryptographie ; et de façon décentralisée par un réseau d’ordinateurs qui s’assurent que les transactions soient légitimes. Ces ordinateurs possèdent tous le même historique de toutes les transactions faites en Bitcoin depuis le premier jour du déploiement du logiciel en 2008.

Le programme Bitcoin est téléchargeable par n’importe qui et depuis n’importe où dans le monde. Et pour pousser des gens à faire tourner le logiciel Bitcoin sur leur propre ordinateur afin de faire fonctionner le réseau BTC en continu, le programme va rémunérer les validateurs de transactions avec la monnaie du réseau (= le Bitcoin en tant que crypto-monnaie).

Miner du Bitcoin, c’est participer au fonctionnement du réseau de cette crypto-monnaie dans le but de gagner des récompenses de minage. C’est uniquement en minant que l’on fabrique du Bitcoin, il n’y a pas d’autres moyens. L’idée est d’inciter le plus grand nombre d’utilisateurs à sécuriser le réseau, pour qu’ils obtiennent de la crypto-monnaie en récompense.

Pour imager, prenons un exemple. Si j’envoie du Bitcoin à un ami, la transaction va être diffusée sur tous les ordinateurs du réseau. Puis, après une vérification par les mineurs (ils vérifient que je détiens bien les Bitcoins que je souhaite envoyer) ma transaction sera validée et enregistrée si elle est reconnue comme légitime par l’ensemble du réseau. Enfin, le paiement arrivera à destination et sera prélevé des frais de transaction qui serviront à payer une partie de la rémunération des mineurs pour leur travail de vérification et de validation. L’autre partie de la récompense est également destinée à ces validateurs, et est créée artificiellement par le logiciel Bitcoin de manière récurrente. Ainsi plus le réseau du Bitcoin dure dans le temps, plus des transactions sont ajoutées à l’historique, à savoir la blockchain, et plus des Bitcoins sont créés.

La règle de la limite de liquidité de 21 millions de Bitcoins

Vient ensuite toute la démonstration de la réflexion du système monétaire du Bitcoin. En effet, là où cette invention est très bien pensée, c’est que Satoshi Nakamoto prévoit dès le début qu’il n’y aurait jamais plus de 21 000 000 de Bitcoins en circulation. Cela signifie aucune création monétaire supplémentaire au-delà de la limite maximale, ce qui assure qu’aucune inflation provenant d’une manipulation de la liquidité ne sera possible à l’avenir.

L’inflation correspond à la perte de pouvoir d’achat. Ce phénomène peut être provoqué par la hausse générale des prix des biens et services, par la dépréciation d’une devise par rapport aux autres ou encore, par la création monétaire ordonnée par les banques centrales. Ce dernier point est très important.

Par exemple, lorsque la banque centrale européenne décide de créer des euros supplémentaires pour les ajouter à ceux déjà en circulation, cela va diluer la valeur unitaire de chaque euro. Pour la simple raison que la création monétaire n’augmente pas la valorisation totale de l’ensemble des euros. Sinon ce serait trop facile de rendre tout le monde très riche. Cela permet juste d’avoir plus de billets en circulation. Toutefois, après une création monétaire, votre salaire reste le même, ce qui a pour conséquence de réduire le poids de votre épargne par rapport au total des euros qui existent.

Résultat: la création monétaire décidée par les banques centrales est un facteur provoquant de l’inflation. C’est pourquoi la limite de la liquidité de 21 000 000 de Bitcoins créée par Satoshi Nakamoto, vise à empêcher l’inflation éventuelle qui pourrait être générée par la manipulation de la crypto-monnaie. C’est un des avantages qui fera prendre au Bitcoin beaucoup de valeur quelques années plus tard. Puisqu’étant une ressource financière fonctionnelle et limitée, une pièce numérique de Bitcoin sera par la suite plus rare de cette façon.

La résolution du problème de la double dépense du Bitcoin

Enfin pour terminer sa démonstration, il propose une solution efficace au problème de la double dépense grâce à un système de registre public et d’horodatage. Chaque transaction faites avec du Bitcoin est datée et publique, et cela depuis la toute première transaction. On ne peut pas savoir quel individu à envoyer ou reçu du Bitcoin mais, on peut savoir quels sont les portefeuilles numériques qui sont impliqués dans une transaction. Avec cette méthode, si un Bitcoin est recopié à partir d’un autre, alors on sait à quel moment et quel portefeuille l’a dupliqué. Vous l’avez compris: ce registre public qui recense toutes les transactions en Bitcoin est ce que l’on appelle aujourd’hui la blockchain du Bitcoin.

Comment était perçu le Bitcoin à son lancement

Après l’envoie du livre blanc du Bitcoin, la première réaction a principalement été la moquerie. Seuls certains membres des cypherpunks, comme Hal Finney, pensaient que Satoshi Nakamoto avait trouvé une solution sérieuse pour une monnaie numérique viable. Satoshi Nakamoto, sous couvert de son pseudonyme, ne fut pas pris au sérieux par la majorité, et il l’avait par ailleurs anticipé.

« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. »

Citation attribuée à Arthur Schopenhauer par erreur (apocryphe)

Lorsque Galilée affirmait que la Terre était ronde malgré des siècles à penser qu’elle était plate, il était d’abord considéré comme ridicule. Puis l’Église le considérait comme dangereux, car cela contredisait sa sainte écriture. Aujourd’hui l’affirmation de Galileo Galilei est bien sûr évidente. On voit ce schéma se reproduire avec le Bitcoin: lors de la diffusion de son idée, Satoshi était moqué. Quelques années après, les institutions financières et le régulateur le trouvent dangereux, ils considèrent qu’il faut limiter son impact, car il démontre une obsolescence de leur utilité au sein de la souveraineté de la monnaie. En 2021, après l’envolée du cours du Bitcoin au mois de février, le régulateur financier américain reconnait officiellement le Bitcoin comme une réserve de valeur. Néanmoins, il faut voir plus large. Ce n’est pas le Bitcoin lui-même qui est évident, mais le fait qu’une monnaie numérique décentralisée puisse trouver sa place dans le système monétaire de notre société.

La naissance du Bitcoin

Peu de temps après avoir diffusé le livre blanc du Bitcoin sur internet, Satoshi Nakamoto déploie son invention sur le web. Il sait qu’il n’est pas un homme médiatique ou un politicien. Son rôle n’est pas de justifier le bien-fondé de sa création ou d’essayer de convaincre les autres par la parole. Satoshi, au même titre que les cypherpunks, écrit du code. Il désire par-dessus tout mettre en œuvre son idée, afin de faire exister Bitcoin par son utilité.

Les premiers utilisateurs du Bitcoin

Une fois le programme lancé, les premières personnes à utiliser sérieusement le Bitcoin comme une monnaie d’échange étaient des dealers, des vendeurs d’armes et de contenus illicites présents sur le darkweb, la zone numérique ni censurée ni règlementée d’internet. Très rapidement le Bitcoin est devenu la monnaie officielle pour faire des achats sur le marché noir du web.

Le réseau Bitcoin permettant de ne pas révéler sa véritable identité, bon nombre de sites illégaux pouvaient se développer sans crainte et, faire fructifier leur business et engranger de la valeur en masse. L’invention de Satoshi à ce moment-là est principalement utilisée pour contourner le système.

Mais ce n’était pas l’objectif, loin de là. L’idée derrière le Bitcoin était d’abord d’ouvrir une nouvelle voie dans les échanges avec de nouveaux moyens pour faire du commerce dans un univers numérique. Satoshi voyait dans le manifeste d’Eric Hughes, publié 15 ans auparavant, un avertissement particulièrement important. Il était convaincu que sur le web, nos échanges perdaient les caractères directs et privés qu’ils avaient toujours eu. Il fallait donc y remédier.

Concrètement, la création de Satoshi est un outil, un réseau libre nécessitant aucune permission de la part de quiconque. C’est un dispositif qui ne prend aucun parti politique. Son architecte ne pouvait donc contrôler ou influencer ce que les gens allaient en faire puisque, c’est l’essence même d’un protocole informatique décentralisé. C’est pourquoi les premiers à utiliser consciencieusement le Bitcoin était ceux qui défiaient le système et recherchaient activement l’anonymat pour échanger de la valeur, bien qu’elle soit illégale.

Les premières tendances haussières du Bitcoin

Mais avant d’être utilisée comme une monnaie par des malfrats, le Bitcoin devait prendre un minimum de valeur. Au démarrage il ne valait presque rien, ni les gouvernements, ni les banques, ni les internautes, ne prenaient le Bitcoin comme une monnaie avec une réelle valeur d’échange. Cette crypto-monnaie était perçue comme de la camelote. Seuls ceux minant du Bitcoin s’en échangeaient. En effet, quelques rares internautes avaient saisi le principe de cette monnaie numérique et son potentiel. La valeur attribuée au Bitcoin pour les premiers échanges contre du dollar américain, était calculée sur le coût du minage, c’est-à-dire le coût de l’électricité pour faire tourner un ordinateur qui participe au réseau Bitcoin en vérifiant les transactions des utilisateurs. Au cours du dernier trimestre 2009, on échangeait 1$ contre environ 1 000 Bitcoins, soit 0,001$ le Bitcoin. 

Le premier achat officiel en Bitcoin

Le supposé premier achat officiel avec du Bitcoin arrive en mai 2010: sur le forum Bitcointalk.org un internaute surnommé Laszlo propose de payer à n’importe quel autre membre du forum, 10 000 Bitcoins pour se faire livrer 2 pizzas chez lui. Un autre membre lui demande alors son adresse pour lui commander ses pizzas pour 10 000 Bitcoins, et ses pizzas il reçut. Le premier achat de l’histoire du Bitcoin a été fait pour une livraison de pizzas. Avec un Bitcoin à 60 000$ en 2021, cela aurait fait 600 000 000$ les 2 pizzas, mais à l’époque 10 000 Bitcoins valaient entre 25$ à 41$ selon les membres du forum Bitcointalk.org. Une chose est sûre, ce fameux Laszlo est l’initiateur d’une sacrée anecdote.

Le danger des systèmes monétaires basés sur la confiance

Dans l’Histoire, la monnaie fut créée plusieurs siècles avant JC pour réduire les inégalités dans les échanges. L’idée était avant toute chose d’améliorer les échanges commerciaux en associant une valeur cohérente aux différents biens et services.

La définition de la monnaie selon Aristote

Selon Aristote, la monnaie repose sur trois fonctions. C’est d’abord une unité de compte permettant d’estimer la valeur des biens et services. Ensuite, la monnaie est un intermédiaire des échanges pour pouvoir faire du commerce : sans monnaie, on ne peut échanger qu’en faisant du troc entre des biens ou des services. Enfin la troisième fonction de la monnaie, est qu’elle constitue une réserve de valeur qui se conserve dans le temps.

Toutefois, satisfaire ces 3 fonctions ne suffit pas à donner à une monnaie une position utile dans l’échiquier de l’économie mondiale. Il faut également un niveau de capitalisation suffisant pour couvrir un nombre conséquent d’échanges.

À sa création, le Bitcoin revêt bien les trois caractères d’unité de compte, d’intermédiaire des échanges et de réserve de valeur. Cependant, il lui manque un niveau de capitalisation suffisant pour pouvoir être utilisé par un grand nombre de personnes et être alors reconnu comme une monnaie utile à la société. Le Bitcoin acquiert cette caractéristique quelques années après son déploiement, avec l’augmentation exponentielle de son nombre d’utilisateurs et de sa valeur unitaire.

La capitalisation boursière d’une monnaie

La capitalisation boursière d’une monnaie représente sa valeur totale en circulation dans le monde. Cette valorisation globale se calcule en multipliant le nombre d’unités existantes par sa valeur unitaire. Les 50 premiers Bitcoins en circulation portaient la capitalisation totale à 0,05$ (50 x 0,001$). En termes de valeur marchande, cela n’a pas vraiment d’utilité, vous en conviendrez. C’est pourquoi il a fallu attendre quelques années pour que le Bitcoin voit sa valeur augmenter et qu’il acquiert enfin une force monétaire rivalisant avec les monnaies des États.

Ce qui définit la force d’une monnaie

La force d’une monnaie repose sur la confiance que lui accorde ses utilisateurs. Pour les monnaies fiduciaires — qui sont les monnaies comme le dollar, l’euro ou le yuan — cette confiance est accordée sans réel choix par les citoyens. Parce que c’est le seul moyen d’exprimer facilement son pouvoir d’achat. Les monnaies fiduciaires sont émises par les banques centrales. Elles permettent de payer n’importe quel bien ou service ainsi que ses impôts au sein de son pays officiel.

Les gouvernements et les institutions financières contrôlent la valeur de ces monnaies fiduciaires pour assurer leur viabilité économique. Leur principal objectif est de garantir la meilleure stabilité financière possible pour leurs détenteurs ainsi que pour la zone économique concernée.  Mais comme on l’a vu, ce système basé sur la confiance n’est pas parfait, il a des failles qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la vie des utilisateurs d’une monnaie. Dans l’exemple de la crise des subprimes, ce sont des millions de familles américaines qui se sont retrouvées ruinées à la suite du krach boursier de 2008.

La défiance du Bitcoin envers le système monétaire traditionnel

Dès le début de son livre blanc, Satoshi Nakamoto explique que toute la faiblesse du système monétaire traditionnel provient du fait que ce soit un modèle basé sur la confiance. Pour son auteur, même si ce système fonctionne pour la plupart des transactions, tous les principaux avantages sont perdus si un tiers de confiance est indispensable pour garantir son fonctionnement. Autrement dit, le problème vient du fait qu’il faut faire confiance à des monnaies qui sont régies par des institutions peu transparentes et les règles complexes qu’elles imposent.

Le système décentralisé du Bitcoin permet de supprimer la variable «confiance» de l’équation du système monétaire.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans une démocratie le peuple est censé être le souverain des pouvoirs de l’État. Cependant, il y a des biais par les jeux de pouvoirs. On apprend dès l’école que l’État est constitué de 3 pouvoirs séparés, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas avoir de contrôle les uns sur les autres. Il y a le pouvoir législatif qui établit les lois, le pouvoir exécutif qui s’assure que ces lois soient respectées et le pouvoir judiciaire qui est chargé de rendre la justice.

Néanmoins, le monde est en réalité régi selon 5 pouvoirs: les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif, ainsi que le pouvoir médiatique (les médias de masse) et le pouvoir monétaire. Ce dernier désigne d’abord les banques centrales qui ont le pouvoir de création monétaire et les institutions financières qui dictent les règles du jeu.

Ce que l’on remarque, c’est que le pouvoir médiatique ainsi que le pouvoir monétaire ont un réel contrôle sur les trois premiers pouvoirs qui eux, sont séparés.

En effet, en contrôlant le pouvoir médiatique et donc la vérité des faits, on peut orienter l’opinion publique. Le pouvoir médiatique peut par exemple stigmatiser une personne, un pays, une religion ou au contraire, faire l’éloge d’une personne, d’une entreprise, d’un produit et cela même s’il est dangereux. Ainsi, par différents stratagèmes comme la manipulation de l’information, le pouvoir médiatique peut orienter les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif.

Le pouvoir monétaire quant à lui permet de contrôler le pouvoir médiatique. On dit que l’argent peut tout acheter et ce n’est pas pour rien. Par exemple en France, la majorité des médias est détenue par une poignée de milliardaires: Bernard Arnault détient Les Echos ou Le Parisien, Xavier Niel possède Le Monde ou l’OBS, Vincent Bolloré est le propriétaire de Canal+ et de CNews, Martin Bouygues contrôle tout l’ensemble du groupe TF1 ou encore TMC etc…

Ce qu’il faut retenir c’est que le pouvoir monétaire est omnipotent. Ce dernier contrôle le pouvoir médiatique, qui à son tour influence les trois pouvoirs séparés qui constituent l’État.

Avec son invention Satoshi Nakamoto démontre qu’il est possible de remettre le pouvoir monétaire entre les mains du peuple, en supprimant le tiers de confiance que sont les institutions financières. Dans son système décentralisé, la « banque centrale » devient alors le peuple, détenteur et souverain de la monnaie.

Bitcoin, c’est une monnaie numérique où la confiance de ses utilisateurs repose sur le code source qui dicte les règles de son fonctionnement. Ainsi la confiance des utilisateurs ne repose plus sur un individu, un groupe d’individus ou une institution, ce qui pousse le concept de démocratie monétaire à son paroxysme.

La disparition de Satoshi Nakamoto et l’inévitable montée en puissance du Bitcoin

C’est au mois de février 2011 que le Bitcoin atteint la valeur symbolique d’un dollar. À cette même période, le site web Silk Road, considéré comme la plaque tournante de drogues en ligne, commence à attirer les regards des autorités américaines. Le problème, c’est que la CIA considère que le Bitcoin est en partie responsable de ce type d’activités illicites.

En avril 2011, l’un des développeurs connus du Bitcoin nommé Gavin Andresen, annonce qu’il va rendre des comptes à la CIA pour leur expliquer ce qu’est le Bitcoin.

Satoshi coupe alors toute communication et disparaît.

Il sentait que même si son identité n’était toujours pas révélée, que ce soit au monde ou encore aux développeurs qui travaillaient avec lui, il fallait qu’il disparaisse. C’était le bon moment: Satoshi Nakamoto indique dans son dernier courriel que Bitcoin est entre de bonnes mains. À ce moment-là, son œuvre était déjà déployée dans le monde entier, prête à attendre que la société comprenne et reconnaisse son utilité.

Voir son fondateur disparaître sans jamais se révéler ne fera que renforcer la robustesse du Bitcoin. Même avec son inventeur disparu, le Bitcoin était déployé et exploité par de nombreux utilisateurs: dans cette configuration impossible de poursuivre quelqu’un en justice. Impossible de fermer le réseau étant donné que le logiciel Bitcoin est présent sur tous les ordinateurs des mineurs — les personnes qui valident les transactions pour récupérer des Bitcoins régulièrement — à travers le monde. Cela rendait le Bitcoin invulnérable. Et il l’est toujours autant aujourd’hui.

Au cours des années suivantes, le Bitcoin ne fait que prendre de la valeur. En 2013, il atteint les 1 000$ puis, un nouveau record de valeur est atteint en 2017 lorsqu’on atteint la barre des 19 000$ pour cette crypto-monnaie. Son record historique actuel, dépasse les 68 000$ en novembre 2021. Et pour de nombreux analystes spécialisés dans la finance, son prix pourrait bien continuer à grimper au cours des prochaines années.

L’essentiel à retenir sur l’histoire du Bitcoin

Le Bitcoin est né d’une volonté de décentraliser les échanges sur internet. C’est une réponse à la mise garde des cypherpunks concernant la protection de la vie privée et, du besoin d’une alternative aux monnaies fiduciaires pour échanger sur le web. La vocation initiale du Bitcoin est de donner plus de libertés aux échanges numériques, en les libérant du contrôle monétaire des banques centrales. La technologie qui permet à ce projet public et transparent d’exister est connu aujourd’hui sous le nom de la blockchain du Bitcoin. Et c’est bien le fonctionnement de ce registre distribué publiquement qui est désormais repris et amélioré pour de nombreux projets qui, ont donné naissance aux crypto-monnaies les plus connues aujourd’hui.