La finance décentralisée (DeFi) est le mot à la mode dans le secteur financier depuis un certain temps déjà. Elle promet de révolutionner la finance traditionnelle en offrant un système financier plus ouvert, plus transparent et plus accessible. Cependant, comme toute nouvelle technologie, elle comporte des risques. L’un d’entre eux est le risque de collatéral des applications DeFi. Dans cet article, nous verrons ce qu’est le risque de collatéral dans les applications DeFi, comment il affecte les utilisateurs et ce qu’il est possible de faire pour l’atténuer. Alors, attachez votre ceinture et plongeons dans le monde du risque de collatéral présent au sein des applications DeFi.

Qu’est-ce qu’un collatéral dans la DeFi ?

Pour faire un emprunt de crypto-monnaies sur la blockchain, il va falloir déposer plus de liquidité que ce que l’on emprunte. C’est ce que l’on appelle appelle un lending de cryptos. C’est-à-dire que, pour avoir le droit d’emprunter un certain montant, il faudra d’abord faire un prêt en cryptos avec une somme plus importante. C’est ce prêt initial que l’on dépose qui servira de caution pour que la blockchain puisse nous octroyer un emprunt par la suite.

Par exemple, si un protocole DeFi permet aux utilisateurs d’emprunter jusqu’à 3 bitcoins après avoir déposé un prêt initial de 4 bitcoins, alors les 4 bitcoins déposés initialement serviront de collatéral. Ainsi, le système est sûr que l’emprunteur rendra les 3 BTC empruntés puisque dans le cas contraire, c’est celui qui aura le plus a perdre.

Ainsi le collatéral est l’actif que les emprunteurs mettent en gage pour garantir un prêt dans les applications DeFi. En cas de défaillance, le prêteur peut saisir le collatéral pour récupérer le montant du prêt. Mais que se passe-t-il si la valeur du collatéral devient inférieure au montant du prêt ? C’est donc là que le risque de collatéral entre en jeu.

Comment éviter le risque de collatéral dans la DeFi?

Une bonne gestion de son collatéral consiste à garder une marge de sécurité de 20% minimum entre la valeur du prêt initial — appelé le collatéral, c’est votre caution aux yeux de la blockchain — et la valeur maximale d’emprunt que nous permet ce prêt, à savoir les 3 BTC dans l’exemple.

Le risque de collatéral existe notamment lorsqu’on emprunte une crypto-monnaie différente de celle déposée en tant que prêt initial. En effet, lorsqu’on emprunte une crypto-monnaie différente de celle déposée en garantie, le rapport de valorisation entre les deux cryptos ne restera pas identique au cours du temps. En prenant en compte que les crypto-monnaies sont très volatiles, cela constitue un risque à ne pas sous-estimer.

Comprendre le ratio de collatéral d’un protocole DeFi

Pour monitorer correctement les emprunts décentralisés, il existe un indicateur de solvabilité de l’emprunteur que l’on appelle le ratio de collatéral. Cet indicateur doit être surveillé régulièrement par l’emprunteur afin d’éviter une liquidation de son prêt initial par le protocole DeFi.

Prenons un exemple avec un prêt en bitcoin: admettons que je prête 100€ en BTC à la blockchain, cela m’ouvre alors un droit d’emprunt de 75€ d’une autre crypto-monnaie. Je choisis alors d’emprunter pour 75€ de l’USDT, qui est un stablecoin. Le montant de 75€ est une valeur maximale d’emprunt, c’est-à-dire que la blockchain ne pourra pas me prêter plus que ce montant tant que mon collatéral (= ma caution) aura une valeur de 100€. On calcule alors le ratio de collatéral de cette manière:

Ratio de Collatéral = Valeur maximale d’emprunt / Valeur du collatéral

Dans le cas de cet exemple, on a un ratio de collatéral est de 75% (= 75€ / 100€). Pour préserver l’intégrité de la blockchain et du protocole de finance décentralisée, ce ratio ne doit jamais être dépassé.

Exemple de mauvaise gestion du ratio de collatéral

Si dans notre exemple, le Bitcoin perd 10% de sa valeur alors mon collatéral ne vaut plus 100€ mais seulement 90€. À ce moment-là, si j’ai toujours un emprunt contracté de 75€ en USDT, alors la blockchain se retrouve avec un prêt qui ne devrait pas avoir lieu puisque 90€ de BTC permettent d’emprunter moins que 75€ d’USDT. Vous en conviendrez : si 100€ permettent d’emprunter 75€, alors mathématiquement 90€ permettent d’emprunter maximum 67,50€.

Ainsi lorsque le BTC perd 10% de sa valeur, mon ratio de collatéral devient le suivant: 75€ d’USDT / 90€ de BTC = 83,33%. Ce nouveau ratio, induit par l’évolution à la baisse du cours du Bitcoin, dépasse alors le ratio de 75% qui est la limite donnée par le smart contract du protocole décentralisé.

Cette situation est un danger pour l’écosystème qui, rappelons-le, ne peut pas devenir insolvable. En effet, la blockchain ne va pas entamer des procédures pour poursuivre un mauvais payeur. Ainsi, lorsqu’un utilisateur voit son ratio de collatéral dépasser sa limite critique, les contrats intelligents vont appliquer des pénalités qui prennent la forme de liquidation d’une partie de la caution.

Que ce passe-t-il en cas de mauvaise gestion du ratio de collatéral dans le DeFi ?

Dans l’exemple précédent notre ratio de collatéral dépasse sa limite autorisée, l’emprunt devient insolvable au yeux de la blockchain. Dans ce cas, le contrat intelligent va vendre une partie des 90€ de BTC qu’il reste dans le collatéral pour se rembourser l’argent en surplus qui est toujours prêté que l’emprunteur n’est pas censé avoir.

Comme expliqué plus haut, si mon collatéral vaut 90€, je ne suis pas censé avoir 75€ d’emprunt d’USDT mais un maximum de 67,50€. La blockchain va donc récupérer les 7,50€ que je possède en trop en vendant une partie de ma caution, qui a déjà subit une dévalorisation de 10% en passant d’une valeur de 100€ à 90€.

Dès lors, un emprunteur insolvable est doublement perdant et il ne pourra plus récupérer le total de ses crypto-monnaies mises en collatéral.

Mais ce n’est pas tout. Il va également y avoir une pénalité de liquidation, c’est-à-dire que le protocole va garder 5% à 10% du restant du montant prêté initialement. Car il est considéré comme une faute d’un utilisateur qui emprunte de ne pas surveiller son ratio de collatéral, car cela peut mettre en danger l’intégrité du système décentralisé.

Toutefois, les protocoles DeFi comme AAVE permettent d’éviter la liquidation. En effet en cas de souci sur ce protocole, on peut tenter de rembourser rapidement le prêt ou ajouter davantage de crypto-actifs au collatéral afin de faire baisser le ratio de collatéral en dessous de la limite permise. Mais attention, cela ne vous protège pas à 100% contre les pertes de capital et cette indulgence n’est pas permise sur tous les protocoles décentralisés.

Conseils pour éviter intelligemment les risques de collatéral

Même s’il est possible de prêter ou d’emprunter une multitude de crypto-monnaies, il vaut mieux se focaliser uniquement sur des stablecoins, car cela implique beaucoup moins de risques.

Néanmoins, attention à la faible volatilité des cours des stablecoins car il arrive parfois que, sur une très courte durée, ces derniers voient leur prix bouger de quelques pourcents.

 

Règle de base: N’empruntez jamais la valeur maximale que votre prêt initial vous permet. Il faut toujours prendre une valeur en dessous de la valeur maximale d’emprunt pour se prémunir de la volatilité des cours, et ce même pour du stablecoin. Un bonne marge de sécurité est de l’ordre de 20% en dessous du ratio de collatéral critique. Dès qu’un prêt est engagé dans un protocole DeFi, il vous revient de surveiller son ratio de collatéral.